Valentin Dura, promotion 2022 : un stage de fin d’études et une thèse chez EDF
Ingénieur diplômé de l’ENSAI, Valentin Dura a intégré la Division Technique Générale d’EDF dans le cadre de son stage de fin d’études. Son rôle durant 6 mois : comparer les réanalyses de précipitations SPAZM et COMEPHORE pour la modélisation des crues extrêmes.
Le succès de la mission et l’intérêt prononcé pour la recherche de Valentin l’ont naturellement conduit à poursuivre ses travaux chez EDF, en tant que doctorant. De la classe préparatoire à la thèse, il témoigne de son parcours.
L’attrait des mathématiques, des statistiques… et de la Bretagne
Valentin Dura : “Mon parcours post-bac a commencé avec deux ans de classe préparatoire MPSI/MP au lycée Claude Fauriel à Saint-Étienne où mon attrait pour les mathématiques et les statistiques s’est affirmé. C’est ainsi qu’au début de ma seconde année, j’ai découvert une école d’ingénieur offrant un bagage solide en statistiques : l’ENSAI. Étant intéressé par de nombreux domaines d’application des statistiques (santé, environnement, sport), le large choix de spécialisations possibles a pesé dans ma décision d’intégrer cette école.
La localisation de l’ENSAI était aussi un atout. Ayant vécu depuis toujours dans cette belle région qu’est l’Auvergne Rhône-Alpes, j’avais envie de bouger un peu et d’arpenter les sentiers côtiers que nous offre la Bretagne, et la jolie ville de Rennes.
J’ai donc fait le choix de rejoindre l’ENSAI et son cursus ingénieur, qui me paraissait offrir des opportunités plus variées que le cursus statisticien public. Ceci dit, travailler pour l’Insee aurait aussi pu me plaire, avec de nombreux sujets socio-économiques intéressants.
Les stages de première et de seconde année m’ont permis de développer mon intérêt pour la recherche. La soif de connaissance constante et le fait de commencer à communiquer à l’écrit ou à l’oral sur divers sujets sont deux des raisons qui me l’ont fait envisager sérieusement pour l’après-diplôme.
J’ai choisi la filière Data Science & Génie statistique en troisième année, une filière qui offre une compréhension méthodologique d’un grand nombre d’outils statistiques. Cette filière est plutôt généraliste et à mon sens adaptée à la tendance actuelle d’évolution rapide des métiers.
Comparaison de réanalyses de précipitations pour la modélisation des crues extrêmes
C’est mon stage de seconde année à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) de Grenoble qui m’a permis de décrocher un stage à EDF, toujours à Grenoble, à la Division Technique Générale (DTG). Cette unité travaille en tant qu’appui aux exploitants d’ouvrages électriques (barrages, centrales nucléaires…) sur des domaines d’optimisation des moyens de productions et de sûreté des ouvrages.
Mon tuteur de stage travaille sur des études de crues extrêmes et doit répondre à des questions du type « Quelle est la valeur de débit qui arrive en moyenne tous les 1000/10000 ans ? ». Ces questions se posent car les barrages doivent résister à des crues déca-millénales, c’est-à-dire des crues dont les valeurs en débit surviennent tous les 10 000 ans. Le travail de l’hydrologue est de déterminer cette valeur avec la théorie des valeurs extrêmes. Il utilise des lois de type GEV et GPD. A EDF, les valeurs de crues millénales et déca-millénales sont estimées par un procédé de simulation stochastique qui utilise un modèle probabiliste de pluie et un modèle de conversion pluie-débit.
Mon travail sur ce stage s’est déroulé en amont des études de crues extrêmes. Pour effectuer ces études, il est nécessaire de disposer de longues séries homogènes de précipitations. La mesure des précipitations est inégale spatialement et temporellement : EDF ne dispose pas des pluviomètres partout en France, et leur disponibilité varie dans le temps. On utilise alors des réanalyses de précipitations qui combinent des observations passées avec des modèles mathématiques pour fournir une version spatialisée des précipitations chaque jour. Les réanalyses ne sont pas intuitives, si cela vous intéresse, vous trouverez plus d’explications sur le site de Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union Européenne.
Ma mission a été de comparer la réanalyse de précipitation développée par EDF-DTG avec une autre réanalyse construite par Météo-France sur diverses métriques : cumul annuel, structure spatiale, capacité à fournir des débits proches des débits observées, détection des précipitations intenses …
Pour ce faire, j’ai dû me plonger dans le champ des géostatistiques qui est proposé en option en deuxième année à l’ENSAI. Le cours de théorie des valeurs extrêmes des filières Data Science & Génie Statistique et Data Science & Gestion des Risques qui m’avait beaucoup intéressé m’a également aidé.
Ce stage a aussi été l’occasion de progresser en communication écrite et orale, que ça soit dans l’explication des aspects techniques ou au contraire la vulgarisation. Il est nécessaire d’être rigoureux et de s’acclimater à son nouvel environnement de travail dans une grande entreprise avec de multiples outils scientifiques et objectifs.
L’opportunité de poursuivre la mission dans le cadre d’un doctorat
Le stage fini, j’ai pu pointer les points forts et les points faibles de la réanalyse de précipitations d’EDF-DTG pour mieux axer les perspectives de la thèse qui vise à améliorer la réanalyse actuelle. Si cette nouvelle version de réanalyse s’avère meilleure, elle servira largement à EDF-DTG sur plusieurs sujets opérationnels tels que les études de crues extrêmes ou l’impact du changement climatique.
J’ai donc continué en thèse sur ce sujet avec un co-encadrement. C’est une thèse CIFRE, donc financée par EDF. Mon laboratoire d’accueil est l’unité ETNA de l’IGE (Institut des Géosciences de l’Environnement). Cette thèse me permet de naviguer entre recherche en entreprise et recherche publique avec des organismes aux compétences différentes. Aucune porte n’est ainsi fermée pour l’après-thèse.
J’ai vu cette thèse comme une réelle opportunité de me lancer dans la recherche et d’assouvir ma curiosité sur ce sujet. Faire un doctorat, c’est l’occasion de tenter de cerner pendant 3 ans un sujet aux multiples facettes, où la recherche est perpétuelle.
Plus généralement, si vous souhaitez travailler en recherche, il faut savoir que c’est un parcours périlleux mais merveilleux, avec une grande liberté dans ses choix méthodologiques et souvent une grande utilité sociétale.”
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