Statistiques démographiques et sociales : trois projets d’étudiants
Les statistiques démographiques et sociales permettent d’élaborer des études concernant les populations et leur développement, notamment dans les domaines de l’emploi, des revenus, du patrimoine ou encore du logement. A l’ENSAI, les étudiants approfondissent et appliquent leurs connaissances en réalisant des études. Les questions démographiques et sociales y trouvent naturellement leur place.
Les projets statistiques de deuxième année mobilisent des groupes de trois ou quatre étudiants en mode projet durant plusieurs semaines. Encadrés par les praticiens ayant soumis les problématiques, les étudiants utilisent les concepts, méthodes et outils appropriés pour traiter chaque sujet. Ils rédigent un rapport qu’ils présentent lors d’une soutenance.
Les étudiants de la promotion 2021 de l’ENSAI ont traité une quarantaine de sujets. En voici trois dans le domaine de la démographie et des questions sociales.
Particularités des résidents des CHRS de Bretagne et des accédants à un logement ordinaire
Selon le 25ème rapport sur l’état du mal-logement en France en 2020 de la Fondation Abbé Pierre, 4 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel et 12,1 millions sont touchées par la crise du logement.
Les CHRS (Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) sont une des solutions existantes en faveur de l’accompagnement de ces personnes et de leur retour à l’autonomie personnelle et sociale. Leur mission est d’assurer l’accueil, le logement et l’insertion sociale des personnes connaissant de graves difficultés, d’ordre économique mais aussi familial ou de santé par exemple.
L’enquête nationale « Établissements et services : personnes en difficulté sociale » s’intéresse aux établissements d’hébergement social, dont font partie les CHRS. Quadriennale depuis 2004, elle se focalise sur l’activité, le personnel et le profil des personnes accueillies dans ces établissements.
Elle représente un outil précieux d’aide à la planification des établissements, notamment pour la répartition budgétaire, à l’échelle nationale mais aussi régionale.
A la demande de la Direction Générale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, ce groupe a travaillé sur la problématique suivante : Quel est le profil des résidents des CHRS et quels sont les éléments favorables à l’accès à un logement ordinaire ? La situation bretonne est-elle semblable à la situation française ?
Pour mener cette étude, les étudiants ont utilisé les données de l’enquête de 2016 concernant les personnes accueillies et sorties d’un CHRS. Elles recensent des informations personnelles, telles que l’âge et la situation familiale, mais aussi des informations liées à l’hébergement en CHRS, notamment le motif d’admission et l’hébergement antérieur.
Dans un premier lieu, ce groupe a étudié les caractéristiques des résidents des CHRS français et bretons au travers de statistiques descriptives, puis il a dressé des profils types grâce à des méthodes d’analyse factorielle et de clustering. Les étudiants de deuxième année se sont ensuite consacrés à l’étude des facteurs susceptibles de favoriser l’accès à un logement ordinaire en réutilisant les méthodes d’analyse factorielle mais aussi grâce à̀ des modèles linéaires généralisés. Des modèles de durée leur ont également permis d’étudier la variation de la durée de séjour des résidents avant de retrouver un logement ordinaire.
Le décrochage des apprentis : comprendre les ruptures de contrat d’apprentissage
Le Ministère du Travail définit le contrat d’apprentissage comme « un contrat de travail conclu entre un employeur et un salarié. Son objectif est de permettre à un jeune de suivre une formation générale, théorique et pratique, en vue d’acquérir un diplôme d’État (CAP, BAC, BTS, Licence, Master, etc.) ou un titre à finalité professionnelle inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), dont l’ensemble des titres professionnels relevant du ministère chargé de l’emploi. »
L’efficacité de l’apprentissage en termes d’expérience et d’insertion professionnelle n’est plus à démontrer.
Pourtant, en France comme ailleurs, un certain nombre de contrats sont rompus avant le terme de la durée d’apprentissage (environ 30 % des contrats) et c’est ainsi que des jeunes peuvent se retrouver dans une situation où ils ne sont ni en études, ni employés, ni en formation (NEET : Not in Education, Employment or Training).
En France, 950 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans étaient dans cette situation en 2018. La rupture d’un contrat n’est pas si grave lorsqu’elle s’inscrit dans un projet de réorientation professionnelle. Elle est en revanche plus problématique lorsqu’elle conduit à l’abandon des apprentis pouvant être à l’origine de la déscolarisation de ces derniers. De ce fait, de nombreux organismes (DARES, Insee, Direccte…) s’attèlent à mesurer l’évolution de la part de ces jeunes « invisibles ».
Mandatée par la Direccte, (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), cette étude s’intéresse particulièrement à la rupture des contrats d’apprentissage en Bretagne lors de la campagne 2015-2016.
Les résultats permettront au commanditaire et à d’autres organismes de mettre en œuvre les politiques nécessaires à la promotion de l’apprentissage et à l’accompagnement des jeunes sans qualification dans le but de limiter ces ruptures et de freiner la déscolarisation.
Dans ce contexte, ce groupe a traité la problématique suivante : Dans quelle mesure les caractéristiques de l’apprenti et de l’employeur peuvent influencer la rupture d’un contrat d’apprentissage en Bretagne ?
Dans un premier temps, les étudiants de l’ENSAI ont analysé la rupture des contrats d’apprentissage, notamment en dressant le profil des jeunes qui mettent un terme à leur apprentissage. Dans une deuxième partie, ils se sont interrogés sur ce phénomène à travers le prisme de deux arguments principaux : définition de la période d’apprentissage et projet de réorientation. Enfin, ils ont analysé la rupture d’un contrat d’apprentissage lorsqu’elle mène à l’abandon des apprentis.
Quelle dynamique des loyers dans le parc social sur les cinq dernières années ?
En 2019, le parc français de logements sociaux comptait près de cinq millions de logements hébergeant onze millions de personnes, soit près d’un locataire sur deux au sein de l’ensemble du parc locatif français.
Le loyer initial d’un logement social est fixé par le conseil d’administration de chaque organisme HLM. Bien que modérés, les loyers des logements sociaux sont révisés au 1er Janvier de chaque année en fonction de l’indice de référence des loyers (IRL), publié au Journal Officiel.
Cette révision est effectuée une seule fois par an, et peut être inférieure à l’inflation. Ce n’est que lors du départ d’un locataire que le bailleur social peut procéder à un ajustement (à la hausse) du loyer pour compenser le « retard » dans son évolution.
Par conséquent, il peut y avoir un décrochage du loyer par rapport à̀ l’évolution générale des loyers selon l’ancienneté de présence du locataire, et un réajustement d’autant plus grand.
Lors de la relocation du logement, le propriétaire a la possibilité de remettre au niveau du plafond légal le loyer du logement.
La problématique de cette étude est donc la dynamique des niveaux des loyers du parc social de 2013 à 2019, les facteurs qui l’influencent, et les mécanismes de mise au plafond des loyers par les propriétaires lors d’une relocation.
Cette étude est commanditée par l’ANCOLS, l’agence nationale du contrôle du logement social, un organisme public sous tutelle du ministère du logement dont l’objectif est de contrôler l’ensemble des acteurs du secteur, évaluer l’efficacité des politiques mises en place par ces mêmes acteurs et enfin, produire un certain nombre de résultats statistiques sur le sujet.
Le groupe d’étudiants de deuxième année s’est d’abord attelé à l’étude du loyer d’un point de vue quantitatif en mettant en lumière la manière dont s’effectue la dynamique des loyers du parc social de 2013 à 2019, en moyenne et selon certaines caractéristiques telles que le type de bailleurs, la relocation des logements dans l’année, la région, la surface habitable, la performance énergétique, sa zone de tensions, ou encore le type de construction.
Les étudiants ont ensuite étudié le phénomène de remise au plafond des loyers par les propriétaires. Dans quelles proportions s’opère-t-elle ? Et quelles sont les variables qui l’influencent ?
Enfin, des régressions linéaires et logistiques leur ont permis d’approfondir et d’expliquer l’évolution des loyers selon les critères précédemment évoqués, et la remise au plafond des loyers par les propriétaires.
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