Soutien et solidarité grâce au tutorat
Mis en place par les enseignants, les alumni ou les élèves eux-mêmes, plusieurs dispositifs de tutorat ont permis aux Ensaiens de trouver une écoute et une aide précieuse pour garder la motivation malgré le contexte. Exemple avec l’Ensora, créé il y a pile un an par Louise Davy.
Louise, tu peux nous dire ce qu’est l’Ensora ?
Il y a une grande diversité de parcours des entrants à l’ENSAI, nous avons donc des compétences complémentaires qui ne demandent qu’à être partagées. L’Ensora est un club proposant des séances de tutorat encadrées par des élèves bénévoles afin de promouvoir l’entraide entre les promotions. Les séances s’adressent à tous les Ensaiens mais plus particulièrement aux étudiants de première année.
Près d’un an après sa création, quel est le bilan du club ?
Un an après sa création, plus d’une vingtaine de séances de tutorat ont été réalisées par 13 tuteurs volontaires. Nous avons une équipe de 7 personnes qui gère le club de manière régulière et plus de cinquante élèves sont prêts à être mobilisés pour encadrer une séance. Les effectifs varient entre 5 et 30 élèves selon les matières : SAS, apprentissage supervisé, Python… Même si la longue crise sanitaire a pu entamer la motivation des tuteurs et des élèves tutorés, le bilan est donc très positif.
Quels sont les matières ou sujets les plus suivis ou demandés par les élèves ?
En début d’année, les Ecos étaient les plus demandeurs pour les matières mathématiques comme Intégration et Probabilités générales. On a également eu l’occasion d’organiser des séances de microéconomie, cette fois pour aider les MP ou les Stid. Au deuxième semestre, la matière la plus demandée était incontestablement Statistique Exploratoire Multivariée (SEM), une matière souvent jugée difficile par les élèves. On a aussi eu des demandes pour Statistique Inférentielle. Globalement, ce sont les matières orientées mathématiques et statistiques qui demandent un accompagnement.
Le but premier de l’Ensora est bien de mettre en contact les élèves afin qu’ils s’entraident.
Dans quelle mesure l’activité de l’Ensora est complémentaire du tutorat mis en place par les enseignants pour les élèves en difficulté ?
L’aide des enseignants a été très bien accueillie lors du deuxième semestre. En effet, ils ont pu proposer des séances de tutorat sur des matières pour lesquelles nous n’arrivions pas à trouver de tuteurs. Malgré nos recherches, nous n’avons par exemple pas réussi à trouver de tuteur pour la matière SEM. Aurélie Fréchet, chargée de TD et ancienne de l’ENSAI, en a entendu parler et a contacté l’Ensora afin d’encadrer elle-même une séance. Nous lui en sommes extrêmement reconnaissants. J’espère que l’année prochaine nous arriverons à motiver davantage d’élèves pour ce genre de matière, car le but premier de l’Ensora est bien de mettre en contact les élèves afin qu’ils s’entraident.
L’Ensora est né au début de la pandémie, le club a-t-il vocation à poursuivre ses activités lorsque tout cela sera dernière nous ?
Bien entendu ! L’Ensora répond à une demande des élèves qui existait bien avant la pandémie.
Nous avons pour projet de développer une application.
De nouveaux projets en perspective ?
Pour l’année prochaine, nous aimerions mettre en place trois nouveaux projets.
Tout d’abord, nous aimerions étendre le panel des matières enseignées et permettre aux élèves de donner des cours ou d’organiser des séances de discussion sur des sujets qui les passionnent ou des hobbies non abordés à l’ENSAI : arts créatifs, histoire, musique, culture d’un pays… Le succès des plateformes comme Skillshare, qui permettent à chacun d’apprendre de nouvelles compétences via des cours en ligne, nous a encouragés à élargir nos horizons. Les soft skills ou encore les compétences autres que purement statistiques sont valorisées sur le marché du travail, nous aimerions donc permettre aux élèves de se trouver de nouveaux centres d’intérêt sans avoir à payer auprès de plateformes en ligne et tout en passant du temps avec leurs amis ou de nouvelles personnes plutôt que de tout faire à distance, seuls depuis chez eux. Ces cours seraient probablement donnés dans un cadre beaucoup moins formel. Cela permettrait également aux 1A, souvent trop timides ou pas assez en confiance pour donner des cours sur des matières enseignées à l’ENSAI, de faire leurs premiers pas en tant que tuteurs sur des sujets qu’ils connaissent bien.
Ensuite, nous aimerions mettre en place un système de tutorat individuel pour des personnes en grande difficulté à l’ENSAI. Les personnes concernées pourraient faire une demande auprès de l’Ensora et se voir attribuer un ou plusieurs tuteurs avec qui ils auraient un contact privilégié pendant une durée définie à l’avance par le tuteur et l’élève. En raison du caractère particulier de ce système, l’équipe de l’Ensora aura pour mission cet été de réfléchir à l’ensemble des modalités à définir avant sa mise en place pour la rentrée 2021.
Enfin, pour accompagner le développement de l’Ensora, nous avons pour projet de développer une application qui permettra de faciliter l’organisation des séances l’année prochaine.
Pour les enseignants, il fallait « raccrocher les élèves perdus »
Coordonnées par la Direction des études, des séances de tutorat en petits groupes ont été également proposées par les enseignants aux 1A et 2A concernés par les examens de rattrapage. 26 élèves de 1ere année et 29 élèves de 2e année ont ainsi pu suivre des séances précieuses pour revoir les concepts mathématiques et statistiques fondamentaux. « Le travail en petits groupes et l’accompagnement individuel ont permis de raccrocher les élèves perdus et de motiver les moins à l’aise avec le travail en autonomie » explique François Coquet. D’autres séances ont été proposées cette fois à l’ensemble des élèves juste avant les examens initiaux. « Ces séances de tutorat libres ont notamment permis d’assurer la mise à niveau scientifique qui s’opère assez naturellement quand l’école fonctionne normalement mais qui a clairement souffert du distanciel ».
Les 4A aussi
Eux-mêmes touchés par les effets de la crise au moment d’entrer sur le marché du travail, les diplômés 2020 ont aussi décidé de se mobiliser pour aider les Ensaiens. Avec le concours du BDE, un groupe de 4A a mis en place un Tchat ouvert sur Teams pour répondre aux interrogations des élèves. « On met nos disponibilités respectives sur un Google sheet, les étudiants inscrivent leur nom sur les créneaux qui leur conviennent avec les sujets qu’ils souhaitent aborder, on se retrouve sur Teams et voilà, c’est parti ! » indique Kilian Forges, initiateur du dispositif. « On parle des cours avec les 1A, du choix de filière avec les 2A, du stage et du premier job, de l’installation à Paris avec les 3A… les sujets sont divers, ça entretient les liens que nous avons tissés à l’ENSAI et ça en crée de nouveaux ». Prochaine étape : retrouver les 3e année actuellement en stage, en terrasse, après le travail, pour se voir et parler… en vrai.