« Responsable des changements d’événements météorologiques extrêmes (sécheresses, tempêtes, inondations) et de crises alimentaires à travers le monde, le changement climatique est au centre des préoccupations du siècle. Selon le rapport de 2019 de l’ONU sur les ODD (Objectifs de Développement Durable), la concentration atmosphérique en CO2 a augmenté de 146% en 2017 relativement aux niveaux préindustriels. L’année suivante, la température moyenne mondiale s’est élevée d’1°C et continue son cours haussier avec l’année 2019 étant la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée. C’est ainsi que la communauté internationale, à travers les Conférences des Parties (COP), a nourri une volonté accrue d’endiguer ce phénomène et d’amoindrir ces impacts socio-économiques, notamment avec l’accord de Paris (2015), le fond vert pour le climat, la taxe carbone, le principe du pollueur payeur, entre autres décisions.
Aujourd’hui, dans le cadre de l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris, les institutions financières sont reconnues comme étant des leviers de taille. L’intégration de la problématique climat dans les stratégies microprudentielles des institutions financières est plus que jamais un enjeu considérable, notamment dans le cadre du risque de transition. Non seulement, une politique de transition abrupte pourrait fragiliser l’activité de certaines entreprises et, par ricochet, le système financier, mais aussi l’ignorance de ce risque conduit à un risque juridique conformément à la « loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte »(LTECV), plus précisément son article 173 qui donne un cadre sur les informations extra-financières que doivent fournir ces institutions. Pour ces dernières, la prise en compte des risques financiers liés au climat consistera en une évaluation, un suivi et une atténuation des risques physiques, de transitions et de réputation (ACPR1 – Les groupes bancaires français face au risque climatique, 2019). Ceci recentre le problème sur la capacité des institutions financières à démontrer en quoi leur choix d’investissement tient compte de l’aspect environnemental, ce qui se résume à une connaissance du niveau de pollution des entreprises présentes dans leurs portefeuilles. Si ces informations sont plus faciles à obtenir pour les grandes entreprises, il en est moins pour les TPE/PME.
Malgré de nombreux travaux de recherche sur les risques financiers liés au climat, la question sur les petites et moyennes entreprises reste en suspens, notamment à cause de la difficulté du traçage de leurs empreintes carbone. En effet, cette catégorie d’entreprises n’est pas soumise aux mêmes obligations que les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire et ne dispose pas des outils suffisants pour mesurer les émissions carbones de leur activité et travailler sur leurs stratégies de décarbonisation.
Dès lors, prédire ou modéliser les émissions de gaz à effet de serre de ces entreprises serait un input important non seulement pour les institutions financières dans la mesure où elles peuvent intégrer l’impact de ces risques dans leur politique interne de gestion de risque mais aussi pour les autorités de surveillance qui veillent sur le changement climatique dans le pilotage d’une politique bas-carbone.
Ainsi, cette étude cherchera à répondre à la question : «comment identifier et mesurer le risque de transition sur les TPE/PME dans un contexte d’insuffisance des données ?».
A travers cette étude, l’objectif général est d’évaluer le risque de transition sur les TPE/PME. De manière spécifique, il s’agit de :
- développer une méthode pour évaluer le risque de transition au niveau filière puis l’extrapoler au niveau entreprise ;
- évaluer le risque de transition directement avec les données disponibles au niveau entreprise ;
- comparer les deux approches afin d’appréhender l’ampleur des erreurs de la méthode développée.
Pour mener à bien cette étude, nous avons structuré le travail en trois grands chapitres. La premier chapitre porte sur le cadre conceptuel et la revue de la littérature sur l’évaluation de risque de transition. Ensuite, le deuxième chapitre aborde la présentation des données et de la méthodologie utilisée pour répondre à la problématique de l’étude. Enfin, le dernier chapitre présente les résultats de l’étude. Dans ce chapitre, une première partie fait ressortir l’analyse descriptive (analyse uni et multi-variée) le profil des entreprises présentes dans l’étude, puis les résultats de la modélisation, leurs discussions et la conclusion. »