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Étudier à Madrid : Anaïs, en Erasmus+ à la Complutense

Anaïs Fernandes, ENSAI promo 2021, s’est envolée pour Madrid et son Universidad Complutense en janvier 2020. Rien ne laissait alors présager que son séjour Erasmus+ serait écourté pour cause de pandémie. Qu’importe, l’expérience espagnole, sur place d’abord, puis à distance, l’a ravie à tel point qu’elle souhaite retourner s’installer à Madrid un jour.

La Complutense de Madrid accueille chaque année environ 80 000 étudiants dans 26 facultés, parmi lesquelles celle d’Études Statistiques.

De Ker Lann à la Plaza del Sol

Anaïs Fernandes : « Après une prépa B/L à Strasbourg et deux ans de licence MASS à Lille, je suis entrée à l’ENSAI car j’aimais le triptyque : mathématiques, économie et informatique. Pour ma troisième année, j’ai choisi la filière de spécialisation Statistiques et Ingénierie des Données. Je me suis découvert une passion pour l’informatique durant ma licence et j’aimerais que ce soit central dans mon futur métier.

Pourquoi la Universidad Complutense de Madrid ? Étant déjà partie en Erasmus à Trinity College à Dublin pendant ma licence, j’ai voulu privilégier un pays du sud de l’Europe, connu pour sa convivialité, son rythme de vie décalé et festif et ses universités qui privilégient la pratique à la théorie.

palais royal madrid espagne

El Palacio Real de Madrid

Je voulais voir une autre manière d’apprendre les statistiques et je n’ai pas été déçue ! J’avais aussi envie de me mettre un défi personnel : suivre des cours en espagnol. J’ai fait de l’espagnol de la 4ème à la première année de prépa et parlant couramment le portugais, j’espérais pouvoir m’améliorer très vite.

Malheureusement, je ne suis restée que deux mois à cause de la crise sanitaire. J’ai tout de même l’impression d’y être restée beaucoup plus de temps car j’ai fait énormément de choses et j’ai fini mon semestre en suivant les cours madrilènes en ligne.

Une journée type à la Complutense de Madrid

Le premier cours débute entre 11h et 13h. Après avoir pris le métro à Sol, une des plus belles places de Madrid, je prenais le bus pour me rendre à la fac de statistiques, un peu excentrée sur cet énorme campus. Avant d’entrer en cours, j’admirais les montagnes enneigées au loin.

Les cours ne commençaient pas toujours tout à fait à l’heure nous attendions parfois élèves et/ou professeurs jusqu’à une vingtaine de minutes. L’Espagne est connue pour sa souplesse sur les horaires ! Les premières fois c’est surprenant, je me suis demandée si je m’étais trompée de salle puis je m’y suis très vite habituée. (Attention, certaine.s professeur·e·s détestent le retard. Il ne faut pas en faire une généralité).

fac statistiques madrid

La faculté de statistiques de l’Université Complutense de Madrid

La pause déjeuner commence à partir de 15h. Je profitais de ce moment pour aller à la bibliothèque pour étudier avant mon cours du soir, de 18 à 21h.

Après ce dernier cours, plusieurs options s’offraient à moi. Parfois, simplement rentrer pour me reposer avant d’attaquer une nouvelle journée tôt le lendemain. D’autres fois, j’allais voir des matchs de foot avec des camarades de classe (même quand on n’aime pas le foot, s’y intéresser est un passage obligé pour bien s’intégrer) ou enfin nous allions boire un verre et manger des tapas. Il y a pire comme rythme, vous ne trouvez pas ?

Les cours à l’espagnole

Durant mon séjour Erasmus, j’ai suivi trois cours de licence et deux cours de Master. Un cours de licence est divisé en deux séances de 2h par semaine. Un cours de Master correspond à une séance de 3h par semaine.

J’ai opté pour un cours de C++ car il était préférable de connaître ce langage pour la spécialisation Statistiques et Ingénierie des Données. Ce langage est très proche du Java, ce qui permet de se mettre à jour afin de ne pas avoir de retard par rapport aux étudiants de l’ENSAI qui ont déjà appris ce langage. Malgré mon arrivée au deuxième semestre à Complutense, j’ai vite compris les bases du langage. J’avais un cours de théorie puis un TD chaque semaine. J’ai dû coder deux projets, une sorte de mastermind et une application pour manipuler des données dans une base (suppression, ajout d’un individu etc…). Dans le contexte sanitaire particulier, ces projets ainsi que des QCM ont constitué notre évaluation.

Je suivais également un cours sur les techniques avancées de prédiction. Chaque séance débutait par de la théorie et se terminait par un mini TP d’application. Nous utilisions SAS. A la fin de chaque thème, nous avions un TP noté qui regroupait toutes les notions vues. J’ai vraiment apprécié cet équilibre qui permettait de comprendre la théorie derrière la pratique.

Le cours de techniques statistiques multivariées reprenait les notions du cours de régression linéaire et passait en revue plusieurs modèles. Le professeur alternait entre cours théorique et application sur SPSS (logiciel presse-bouton qui s’apparente à du SAS). L’évaluation se faisait à l’oral. À la fin de chaque thème, nous devions trouver une base de données qui corresponde au modèle et prédire des valeurs futures.

Le cours de modèle de durée que je suivais était enseigné par une enseignante-chercheuse en biostatistique. Ce cours m’a permis de me familiariser avec des articles scientifiques de recherche statistiques (en anglais et en espagnol), au-delà de la découverte de la biostatistique. Nous utilisions R et parfois STATA.

Enfin, j’avais choisi un cours de calcul bayésien. J’y ai découvert une approche différente de la statistique. Le cours mêlait également théorie et pratique, avec R et OpenBUGS.

Les méthodes de travail à la Complutense ou l’équilibre théorie/pratique

Attention, je ne me suis pas juste amusée à Madrid, j’y ai aussi appris énormément. Comme vous avez pu le constater, les méthodes de travail sont très différentes en Espagne. La compréhension de la théorie passe par beaucoup d’application et d’évaluations.

Lorsqu’une notion n’est pas acquise, on vous offre de nouvelles chances de faire vos preuves. Le principal n’est pas de restituer un savoir à un instant T, mais d’acquérir les connaissances pour de bon.

J’ai vraiment apprécié le fait que les oraux et le contrôle continu soient privilégiés. Je suis quelqu’un qui comprend mieux en appliquant. Il n’y a pas un seul cours que je n’ai pas aimé ou pas compris à Madrid. L’accompagnement et la souplesse des professeur·e·s viennent aussi de la petite taille des classes, qui comptent rarement au-delà de 25 étudiants. De plus, la majorité de mes professeur·e·s étaient des femmes : j’ai pu me projeter en elles et m’en inspirer.

J’ai l’impression que ce semestre m’a permis de comprendre beaucoup de choses, de faire le lien entre les matières, mais aussi entre les cours et la vie réelle. J’ai amélioré mon expression orale et écrite en espagnol. J’ai appris beaucoup de choses sur les démarches des expatriés en Espagne et sur la culture espagnole qui me manque énormément.

La situation sanitaire a raccourci mon expérience de 4 mois. Même si j’ai continué les cours en espagnol, je n’étais plus en Espagne et je ne pouvais plus profiter de cette ville incroyable. J’aimerais pouvoir réaliser mon stage de troisième année du cursus ingénieur à Madrid pour finir de visiter la ville, pour devenir réellement bilingue et pour vivre à l’espagnole encore un peu.

Quelques conseils avant un échange international

Que l’on souhaite vivre la vida loca ou plutôt goûter au Hygge, le processus est le même. Pour une expérience Erasmus qui se passe pour le mieux, je conseille quand c’est possible de choisir des cours qui ne se chevauchent pas sur l’emploi du temps, de savoir qui va devoir signer les papiers d’arrivée et où cette personne se trouve.

Penser au coût de la vie : les courses, les sorties, le logement… Ne pas se précipiter pour un logement si on n’est pas sûr qu’il est convenable. Demander aux anciens où ils ont logé et s’ils ont des contacts. Prendre une coloc ou une chambre en résidence pour être avec des gens dans la même situation que soi.

par retiro erasmus madrid

Des Ensaiens en visite à Madrid !

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Et surtout profiter à fond de chaque moment, la vida es chula ! »

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