Un double-diplôme au Danemark : Léna, en master bioinformatique
Léna Bonin, ENSAI 2022, est en double-diplôme à l’Université d’Aarhus au Danemark. Elle y suit un master en bioinformatique. Mode d’emploi pour un double diplôme non conventionné, organisation des cours à la danoise et célèbre “hygge”: Léna partage son expérience nordique.
Avec plus de 38 000 étudiants répartis dans cinq facultés, l’Université d’Aarhus est la deuxième plus grande université du Danemark, derrière celle de Copenhague. Aarhus se trouve sur la côte Est de la péninsule danoise.
L’ENSAI et le choix du double diplôme
J’ai intégré l’ENSAI en 2018, à la suite d’une classe préparatoire MPSI-MP. Au lieu d’effectuer ma troisième année à l’ENSAI, je réalise les deux ans de master à Aarhus, ce qui est considéré comme équivalent à la troisième année. En parallèle de mes études au Danemark, je suis rattachée à la filière Statistiques pour les Sciences de la Vie de l’ENSAI.
J’ai toujours voulu vivre une expérience universitaire à l’étranger. Cependant, je trouvais qu’un seul semestre en Erasmus n’était pas suffisant pour avoir le temps de bien s’intégrer dans le pays et de s’imprégner de la culture. Je me suis donc renseignée sur la possibilité de faire un double diplôme en troisième année.
L’ENSAI en propose plusieurs, mais aucun dans le domaine des biostatistiques, filière pour laquelle j’ai intégré l’ENSAI.
Todd Donahue, responsable des relations internationales, m’a alors parlé de la possibilité d’un double diplôme non conventionné, format qui m’a tout de suite plu.
J’ai sélectionné moi-même les masters auxquels je voulais candidater et je suis passée par les procédures d’admissions classiques au sein des universités. Todd Donahue m’a aidée dans les démarches et a soutenu mes candidatures.
Mon souhait de départ était l’université d’Helsinki, mais ayant fait une prépa, je n’ai pas de diplôme de licence, ce qui a été rédhibitoire pour l’admission en Finlande. Sur les conseils de Todd Donahue, j’avais aussi sélectionné des programmes en biostatistiques et en bioinformatique dans les autres pays nordiques.
J’ai candidaté et été acceptée à Copenhague et à Aarhus.
J’ai choisi Aarhus pour plusieurs raisons. C’est une ville à taille humaine et très étudiante : les étudiants, parmi lesquels de nombreux étrangers, représentent 15 % de la population. De plus le coût de la vie est bien moins élevé qu’à Copenhague. Le Danemark étant un petit pays, je me suis dit que j’aurais tout de même facilement la possibilité d’aller visiter la capitale depuis Aarhus.
Pourquoi les pays nordiques ? Principalement car j’ai lu plusieurs livres sur ces pays et que j’étais attirée par leur système scolaire. Les paysages et le climat ont également compté.
La vie au Danemark
Comme je l’ai évoqué, Aarhus est une ville de taille raisonnable. Toutefois, c’est la deuxième ville du pays, elle ne manque donc pas d’activités. Il y a notamment de nombreux musées dont le Aros (monument emblématique de la ville avec sa couronne arc-en-ciel), mais aussi le parc Tivoli, et le célèbre parc aux cerfs, prisé par les étudiants : on s’y balade au milieu des animaux !
La ville se situe au bord de la mer, on peut donc facilement trouver une plage pour expérimenter la baignade hivernale. Le centre-ville se compose de plusieurs rues piétonnes et l’on peut se restaurer pour peu cher au Street food, hall dans lequel se trouvent de nombreux food trucks, proposant de la cuisine du monde entier.
Habituellement, chaque département de l’université organise un Friday Bar le vendredi après la fin des cours. A l’occasion, les halls sont transformés en bar pour les étudiants et le personnel. Je n’ai malheureusement pas encore pu découvrir cette tradition, l’événement étant supprimé depuis la rentrée à cause du Covid-19.
Le Danemark est très souvent classé parmi les pays les plus heureux au monde.
Ce bonheur est sans doute dû à la très grande protection sociale dont bénéficient les Danois, mais aussi au climat de sécurité qui règne dans le pays (en 2020 le Danemark a été élu pays le moins corrompu du monde et est en tête des pays les plus sûrs). Pour ma part, c’est surtout ce climat de sécurité qui me plaît, en effet, nous vivons pas mal de nuit (il fait nuit à 15h de fin octobre à février), mais je n’ai jamais peur d’être dans la rue le soir.
Autre fait participant à la qualité de vie des danois : le hygge. Ce terme désigne le fait de vivre le moment présent, de se regrouper, passer du temps ensemble mais aussi de se faire plaisir à soi-même. Les Danois sont très attachés à cette pratique, si bien que très souvent la maison des étudiants (équivalent du BDE) nous propose simplement de regarder un film ensemble (même à distance), ou de se regrouper pour travailler ensemble le week-end.
Un autre aspect important de la vie danoise est le vélo. C’est le premier achat à faire en arrivant dans le pays étant donné que c’est le principal moyen de déplacement.
Les routes sont toutes aménagées de façon à assurer la protection des cyclistes, ce qui rend ce mode de déplacement vraiment agréable et pratique.
Jobs et logements étudiants
Le pays est connu pour son coût de la vie élevé, cependant, en tant qu’étudiant européen, nous pouvons bénéficier du SU (bourse d’un montant de 850€ par mois perçue par tous les étudiants danois), à condition de travailler 12h par semaine.
Les jobs étudiants sont relativement faciles à trouver et même si l’on ne veut ou ne peut pas travailler autant d’heures, le salaire de base est déjà très élevé.
En ce qui concerne les logements, il est facile d’en trouver à un prix abordable (similaire voire légèrement moins cher que sur le campus de Ker Lann). En effet, l’université détient de nombreux logements, réservés aux étudiants étrangers. Une autre option est de s’inscrire sur le site Studenthousing qui regroupe tous les logements étudiants de la ville et sur lequel nous pouvons faire une liste de vœux.
Il y a trois principaux types d’hébergement : les maisons en colocation, les résidences étudiantes dans lesquelles nous avons notre propre chambre et salle de bain mais partageons la cuisine, et les appartements partagés à deux. Il est également possible d’avoir son propre appartement, mais cela coûte beaucoup plus cher et le temps d’attente est généralement long (une année).
Le Danemark face à la Covid-19
Quand je suis arrivée au Danemark en août, la situation sanitaire était bien meilleure qu’en France et la vie tout à fait différente : le masque a pour la première fois été rendu obligatoire dans les transports en commun une semaine après mon arrivée, et clairement personne ne le portait ailleurs. Le premier mois, des activités étaient organisées presque normalement, ce qui m’a permis de faire quelques rencontres et de visiter la région.
Dès octobre, la situation s’est aggravée et petit à petit les mesures sanitaires se sont multipliées, aboutissant mi-décembre à la fermeture des universités puis l’instauration d’un confinement, toujours en vigueur depuis. Le second semestre a donc commencé avec les cours à distance.
Une réouverture progressive est prévue du 6 avril au 21 mai avec l’instauration du passeport sanitaire dès le 21 avril. Les universités devraient pouvoir commencer à rouvrir à 20 % le 6 avril (avec test hebdomadaire obligatoire).
L’organisation des cours
A l’université d’Aarhus, la plupart des cours s’étendent sur un semestre (14 semaines) et valent 10 ECTS. Il faut donc choisir trois cours pour les trois premiers semestres, le dernier semestre étant consacré au mémoire de master ou stage.
Pour le premier semestre, j’ai suivi les cours recommandés pour le master en bioinformatique :
– Data science in bioinformatics : beaucoup de révisions et de mise en pratique de ce que l’on voit à l’ENSAI en première et deuxième année
– Genome Scale Algorithms : dans ce cours nous avons étudié différents algorithmes de recherche de séquences dans l’ADN
– Tree of Life : un cours de biologie où nous avons étudié les causes et conséquences de modification de l’ADN ainsi que la construction des arbres phylogénétiques pour étudier l’évolution des êtres vivants.
Pour le second semestre, j’ai davantage fait un arbitrage entre les cours du master en bioinformatique et les recommandations de la responsable de la filière science de la vie à l’ENSAI, mes choix ont donc été :
– Algorithms in bioinformatics : un cours d’algorithmique dans lequel nous étudions l’alignement de séquences ADN, la modélisation des molécules et la programmation des méthodes vues en Tree of Life
– Statistical learning : révisions des cours de clustering, de régressions et de statistiques non paramétriques de l’ENSAI, auquel s’ajoutent d’autres types de clustering et de régressions, les réseaux de neurones, etc…
– Epidemiology : dans ce cours nous devons réaliser un projet qui consiste en la rédaction d’un protocole pour une étude épidémiologique. Pour ma part je dois étudier le lien entre l’obésité de la mère au début de sa grossesse et les différences épigénétiques du nouveau-né. Chaque semaine, nous étudions un nouvel aspect du développement ou de l’analyse d’études épidémiologiques et cliniques afin d’avancer dans notre projet.
Je n’ai pas encore finalisé mes choix pour le troisième semestre, mais il y aura un projet globalement équivalent au projet de fin d’étude de l’ENSAI.
Dans le cadre de mon master, nous avons une quinzaine d’heures de cours par semaine. En principe, chaque enseignement est composé de deux heures de cours magistral et de trois heures de TP/TD. Cependant, il nous est demandé de travailler en amont des cours : lecture de livres ou d’articles pour les CM et préparation des exercices, ainsi que divers petits projets qui rendent éligibles à l’examen.
Il faut compter entre trois et cinq heures d’investissement personnel par semaine et par cours.
Lors de chaque créneau, le cours est décomposé en plages de 45 minutes de cours suivies de 15 minutes de pause. Personnellement je trouve que ce format permet de mieux rester concentré sur les cours (surtout depuis le début des cours à distance). Les cours ont lieu de fin août à mi-décembre puis de début février à mi-mai. Les mois de janvier et juin sont consacrés aux examens.
La plupart des examens sont des oraux de 20 minutes. Nous avons une liste de questions à préparer (généralement une dizaine). En arrivant à l’examen, nous tirons au sort une question sur laquelle nous devons nous exprimer entre 8 et 12 minutes, ensuite les deux examinateurs posent des questions se rapportant aux autres sujets à préparer. Après cela, nous sortons de la salle pendant la délibération, puis les professeurs nous rappellent et nous donnent notre note.
Mes conseils pour un double diplôme
Si vous êtes intéressé par un double diplôme, je vous conseille vraiment d’aller au bout de ce rêve ! Renseignez-vous dès la première année à l’ENSAI (surtout pour un double diplôme non conventionné) et faites part de votre projet à Todd Donahue.
Candidatez dans plusieurs universités afin d’augmenter vos chances d’être accepté. Surtout, ne vous laissez pas décourager par la paperasse administrative qui peut être lourde au moment des inscriptions, cela en vaut la peine !
Pensez également à vous renseigner sur les diplômes d’anglais demandés car bien souvent le TOEIC ne suffit pas et vous devrez vous inscrire de votre côté à un autre test (en général le TOEFL ou le IELTS).
Enfin, si vous en avez la possibilité, je vous conseille également de suivre la licence de maths ou d’économie proposées par l’ENSAI car ainsi vous aurez un diplôme national de licence. Je ne le savais pas mais plusieurs pays le réclament lors de l’inscription et ne pas en avoir peut être éliminatoire.
Plus d’informations sur les partenariats internationaux de l’ENSAI.